Fleurs de confiance et d’amour
Extraites des communications spirituelles reçues par
Soeur Benigna-Consolata Ferrero
de la Visitation Sainte-Marie de Côme
Imprimatur :
Joannes, Episc. Hadr., Auxil. Lugd.
Lugduni, die 4 febr. 1923
"Je prépare l'oeuvre de ma Miséricorde. Je veux une nouvelle résurrection dans la société, et je veux qu'elle soit l'oeuvre de l'amour.
"La confiance est la clé qui ouvre les trésors de mon infinie miséricorde."
"Tu ne peux croire le plaisir que j'éprouve à faire l'office de Sauveur : c'est tout mon contentement et je fais mes plus beaux chefs-d'oeuvre précisément dans les âmes que j'ai relevées de plus bas, qui étaient le plus plongées dans la fange. Une fois que les péchés sont pardonnés, ils se convertissent, pour l'âme qui les a commis, en sources de grâces, parce que ce sont des sources perpétuelles d'humilité."
"Sais-tu quel est le chemin qui conduit le plus vite au Paradis ?... C'est l'espérance en mes mérites et la fidélité à la grâce."
"Il est certain que 100 péchés m'offensent plus qu'un seul, mais si ce seul péché est une défiance de Moi, il me blesse plus le Coeur que cent autres, parce que la défiance le blesse, mon Coeur, au plus intime : J'aime tant les hommes !"
"On a une idée trop petite de la bonté de Dieu, de sa miséricorde, de son amour envers les créatures : on mesure Dieu avec les créatures, mais Dieu n'est pas limité, sa bonté est sans bornes. Oh ! Pouvoir profiter d'un Dieu, et ne pas le faire !... Et pourquoi ne le fait-on point ? Parce que, dans le monde, on ne Le connaît pas. Je suis un trésor infini mis par mon Père à la disposition de tous : mes créatures me refusent, et combien c'est à leur détriment ! Elles le comprendront seulement dans l'éternité."
"Je ne me lasse pas de trouver des misères, pourvu que je trouve une bonne volonté. Quand elle y est, il y a matière à travailler. Mon amour se nourrit en consumant des misères, et l'âme qui m'en apporte le plus, pourvu que ce soit avec un coeur contrit et humilié, est celle qui me plaît davantage, parce qu'elle me donne l'occasion d'exercer plus pleinement mon office de Sauveur. Mais surtout, ce que je veux te dire, ô ma Benigna - et je le concentre en peu de mots - c'est ceci : Que l'âme n'ait jamais peur de Dieu, car Dieu est toujours prompt à lui faire miséricorde, et le plus grand plaisir que puisse avoir le Coeur de ton Jésus, est de conduire à son Père le plus grand nombre possible de pécheurs. Ce sont là mes gloires, mes joyaux ; je les aime tant, les pauvres pécheurs ! Ecoute, ô ma joie, écris ceci : Si l'on veut me faire un grand plaisir, il faut croire à mon amour ; si l'on veut m'en faire un plus grand, il faut y croire davantage, et pour me faire le plus grand de tous les plaisirs, il ne faut pas mettre de limites à cette Foi dans mon amour."
"Tout le secret de la sainteté est dans ces deux mots : se défier et se confier. Défie-toi toujours de toi-même ; et puis, ne t'arrête point là, mais monte aussitôt à la confiance en ton Dieu, car, si je suis bon pour tous, je suis très bon pour ceux qui se confient en Moi. Sais-tu quelles sont les âmes qui jouissent le plus de ma bonté? Ce sont celles qui se confient davantage en Moi. Les âmes confiantes sont les voleuses de mes grâces. Ecris donc que le plaisir que j'éprouve dans une âme confiante est indicible."
"Ecris, ô ma Bénigna, Apôtre de ma Miséricorde, écris : la principale chose que je désire que l'on sache, c'est que je suis tout amour, et que la plus grande peine que l'on pourrait faire à mon Coeur serait de douter de ma bonté. Mon Coeur non seulement compatit, mais Il se réjouit d'autant plus qu'il y a plus à réparer, pourvu qu'il n'y ait pas de malice... Si tu savais le travail que je ferais dans une âme, même pleine de misères, si elle me laissait faire !... L'amour n'a besoin de rien ; il a seulement besoin de ne pas trouver de résistance, et souvent, tout ce que je requiers d'une âme, pour en faire une sainte, c'est qu'elle me laisse faire!... Les imperfections qui sont dans une âme, quand elles ne sont pas aimées de cette âme, ne me déplaisent point, mais elles attirent la compassion de mon Coeur: J'aime tant les âmes ! Les imperfections doivent servir à une âme comme autant de degrés pour monter vers Moi par le moyen de l'humilité, de la confiance et de l'amour. Je m'abaisse vers l'âme qui s'humilie et je vais la chercher dans son néant pour l'unir à Moi..."
"Comme le feu se nourrit de combustibles, ainsi ma miséricorde se nourrit à consumer les misères, et plus elle en trouve, plus elle s'accroît, absolument comme fait le feu qui s'accroît toujours plus à mesure qu'on y jette des matériaux. Oh ! si l'on pouvait connaître combien j'aime les hommes, et combien mon Coeur jouit quand on croit à cet amour ! On y croit trop peu ! on y croit trop peu, trop peu ! ..."
"Tout contribue à travailler une âme, tout ; même ses imperfections sont dans mes mains divines comme autant de pierres précieuses, parce que je les change en actes d'humilité que je porte l'âme à produire... Si ceux qui bâtissent des maisons pouvaient changer les débris et tout ce qui est décombres en autant de matériaux de construction, combien ils s'estimeraient heureux ! Eh bien ! l'âme fidèle le peut avec mon divin secours, et les fautes, même les plus graves et les plus honteuses, deviennent des pierres fondamentales de l'édifice de sa perfection."
"Sache pour toi et pour toutes les âmes que, si l'on veut obtenir une vertu solide, il faut l'attendre du Coeur de Jésus. Qui veut recevoir le salut, n'a qu'à venir se réfugier dans cette Arche bénie : de là, on contemple la tempête sans en être ébranlé, sans même en être menacé. Oh ! mon épouse, toi, enseigne à tous le lieu de refuge que tu as choisi pour ta perpétuelle demeure ; aie la charité d'en instruire les autres afin qu'ils viennent me trouver. J'ai des trésors de grâces pour tous : qui vient, en emporte."
"Oh ! mon épouse, fais-toi l'Apôtre de mon amour ! Crie fort, afin d'être entendue du monde entier que j'ai faim, que j'ai soif, que je meurs du désir d'être reçu par mes créatures. Je suis dans le Sacrement de mon amour pour mes créatures, et elles en font si peu de cas ! Toi, du moins, fais le plus que tu pourras de Communions spirituelles pour suppléer aux Communions sacramentelles que d'autres ne font pas. Fais-les plus souvent encore que tous les quarts d'heure ; change même la manière de les faire ; fais-les courtes, pourvu que tu les fasses. Si une épouse voyait son époux mourir de faim, elle irait mendier pour lui, de porte en porte. Ma Bénigna, cherche-moi des âmes qui fassent la sainte Communion."
"Ce qui me fait le plus de peine, c'est de voir l'indifférence, la haine que les créatures ont pour Moi... Elles me fuient comme si j'étais un assassin, un malfaiteur, un voleur qui voulût dérober leur bien... Au lieu de cela, je voudrais leur donner, mais je ne puis, parce qu'elles ne le veulent pas... Mon épouse, j'ai soif de l'amour de mes créatures ! Les Séraphins m'aiment ardemment, les Saints aussi ; leur amour est pur et parfait... J'ai donc beaucoup d'amour au Ciel, mais je viens en chercher sur la terre, parce que l'amour y est libre... Mon épouse, j'ai un Coeur humain et j'aime les hommes parce qu'ils sont mes frères, oui, ils sont mes frères, les hommes."
"Mon épouse, donne-moi des âmes !... C'est par le sacrifice que tu peux m'en donner. Par le sacrifice ; oui, ma bien-aimée, sois en état continuel de sacrifice. Quand tu ne te trouves pas dans cet état, tu dois te sentir hors de ta place. Il faut tenir ce feu constamment allumé dans ton coeur... On ne sauve pas les âmes en ne faisant rien. Moi, je suis mort en croix pour les sauver... Je ne te demande pas de grandes choses, non, ma Benigna, mais une parole réprimée, un regard détourné, une pensée agréable retranchée, tout ce qui mortifie, en un mot. Unis ces petites choses à mes mérites infinis, et elles acquerront une grande valeur. Si tu savais comme elles me plaisent, ces âmes qui s'immolent ainsi dans le silence !"
"Une âme humble a un tel pouvoir sur le Coeur de Dieu qu'il suffit d'une âme vraiment humble pour désarmer ma justice, et plus assurément que mille pécheurs pour l'armer !"
"Une âme consacrée par l'amour devient légère parce que l'amour la dépouille de sa volonté, de son jugement, de ses désirs. Une âme ainsi dépouillée fait mes délices : "de ces âmes fidèles, je me forme une armée pour 'sauver le monde' ". Le monde court au précipice, mais je l'arrêterai dans sa course vertigineuse au moyen de ce petit bataillon d'âmes généreuses qui combattront sous ma conduite..."
"Une réprimande bien reçue peut, en cinq minutes, ou le temps qu'elle dure, faire arriver une âme dans mon intimité, là où elle n'arriverait qu'après deux ou trois années de vie ordinaire."
" ...Tes misères ?... Vends-les à ma Miséricorde !"
"La seule petite prière : "je me fie à Vous" me ravit le Coeur, parce qu'en elle sont compris la confiance, la foi, l'amour et l'humilité."
Prière pour obtenir la grâce d'une confiance illimitée :
Mon très doux Jésus, Dieu infiniment miséricordieux, Père très tendre des âmes, et d'une façon toute particulière, des plus faibles, des plus misérables, des plus infirmes que vous portez avec une tendresse spéciale entre vos bras divins, je viens à vous afin de vous demander, par l'amour et par les mérites de votre Sacré-Coeur, la grâce de me confier toujours plus dans votre miséricordieuse bonté, la grâce de reposer en assurance dans vos bras divins et amoureux pour le temps et pour l'éternité.
Nouvelles fleurs de confiance et d'amour
27 mars 1916 :
"Ma Benigna, ne perds plus un moment à penser à toi, soit pour l'âme, soit pour le corps. Tu as un Epoux qui y pense... toi, pense seulement à L'aimer le plus que tu peux."
26 avril 1916 :
Ce matin, Jésus me dit : "Dire Jésus et dire miséricorde, c'est la même chose ; dire Jésus et dire bonté, dire Jésus et dire compassion, dire Jésus et dire tendresse, c'est la même chose.
Je suis l'huile pour panser les plaies, le baume pour guérir tes blessures. Je suis le lait qui te nourrit ; la fontaine d'eau vive qui te désaltère. Si tu veux monter dans mon divin amour, je suis ton aéroplane. Si tu veux descendre dans l'abîme de ta misère, entre dans l'abîme de mon humilité : 'Exinanivit semetipsum... Il s'est anéanti lui-même'."
28 avril 1916 :
"Oh ! Si les âmes pouvaient comprendre la valeur de la souffrance !... Avec quel respect ne regarderais-tu pas un martyr porté par les anges sur son gibet. Eh bien ! c'est l'Amour qui porte ceux qui souffrent en leur donnant la force de marcher avec leur croix.
Vois quel respect tu dois avoir pour tes Soeurs qui souffrent, et comme toi-même tu ne dois pas fuir les petites souffrances.
Qui est-ce qui doit prendre et sauver les âmes, sinon une épouse de Jésus. Mais peu s'y emploient avec ardeur. Elles pensent plus à leur sanctification personnelle et oublient qu'en s'occupant à sanctifier les autres, elles y travailleraient bien mieux. Ce sont des âmes toujours occupées d'elles-mêmes... O ma Bénigna, combien il est difficile de vaincre l'égoïsme spirituel."
Mars 1914 :
"Etudie ma vie eucharistique. Quand est-ce que l'Hostie n'est plus pain, mais devient mon corps ? Au moment de la consécration ; elle ne conserve plus alors que les apparences du pain.
Quand est-ce que je fais comme une transsubstantiation dans l'âme de telle sorte qu'elle peut dire : "ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus qui vit en moi !" ? Lorsque l'âme quitte sa vie individuelle pour embrasser les intérêts de mon Coeur. Mais bien souvent, sous prétexte d'avantage spirituel, l'âme se recherche. Je trouve peu d'âmes entièrement détachées d'elles-mêmes."
Hier Jésus m'entretint sur le mot religion. Il me dit que religieuse veut dire consacrée et qu'une chose consacrée est donnée. De même que dans les calices consacrés on ne met que le vin destiné à être changé au Sang de Jésus, de même je ne dois admettre dans mon coeur que les bonnes choses capables d'être changées en actes surnaturels, moyennant la pureté d'intention."
Août 1914 :
Après la sainte Communion, Jésus me dit : "Toutes les fois que l'âme religieuse renouvelle ses voeux, je la serre tendrement sur mon Coeur et plus elle les renouvelle avec ferveur, avec ardeur, plus je l'étreins fortement. Quand l'âme religieuse a un ardent désir d'acquérir la perfection, bien qu'elle n'arrive pas à le réaliser autant qu'elle le souhaite, moi, je lui en tiens compte."
"Lorsque je fais élection d'une âme, entre le commun des âmes, pour la rendre mon épouse je lui constitue une dot avec mes mérites, mes vertus, mes grâces. L'Epoux ne prépare pas la dot à la servante mais à l'épouse et plus celle-ci est prise au sein de l'indigence plus elle jouit des bienfaits de la dot."
30 avril 1916 :
"Ma Bénigna, je veux t'expliquer par un exemple le voeu de pauvreté pour l'esprit. Quand, pour ta satisfaction, tu désires te rappeler les choses que je te donne, c'est un acte de propriété. Toi tu reçois pour les âmes et tu dois te rappeler les choses pour les écrire. Mais une fois qu'elles sont écrites, si tu ne t'en souviens plus tu ne dois pas t'en inquiéter.
L'obéissance matérielle tu l'as, et très exacte... Pratique-la de même pour l'esprit, non avec scrupule, mais avec fidélité.
Quant au voeu de chasteté tu n'as pas d'occasions d'y manquer gravement, mais tu y manquerais en t'occupant trop de toi-même."
4 mai 1916 :
"Ma Bénigna, je ne puis te faire sainte si tu ne me donnes pas la clef de ta volonté. Mais si tu me la donnes je puis faire de toi, non seulement une sainte, mais une grande sainte."
"Je puis en un moment réparer tout le passé d'une âme pourvu que cette âme me traite en Dieu, c'est-à-dire qu'elle ne borne pas ma bonté par sa méfiance, qu'elle ne resserre pas ma miséricorde avec ses angoisses, qu'elle ne mesure pas mon amour au sien. Si je devais t'aimer selon ta fidélité, ce serait toujours par intermittence, parce que tantôt tu m'es fidèle et tantôt un peu moins, tantôt tu es fervente et tantôt un peu moins. Mais je suis immuable et mon amour est infini."
"Le secret de la sainteté réside en ceci : être comme Dieu veut, faire ce que Dieu veut, vouloir ce que Dieu veut ; mais ce secret n'est connu que du petit nombre."
6 mai 1916 :
"Quand le néant reste dans son néant, Dieu le regarde avec complaisance et fait de ce néant de grandes choses : voilà la création. Quand le néant reste dans son néant, Dieu descend du ciel pour le prendre et le porter dans le paradis : voilà la rédemption. Quand le néant reste dans son néant, Dieu le sanctifie. Voilà l'oeuvre de l'esprit d'amour : voilà la sanctification."
16 mai 1916 :
"Ma Bénigna, tu veux que je te dise une seule parole, la voici : Aie confiance, Bénigna ; je ne te dis pas: aie confiance ma fille, parce que c'est trop général, mais aie confiance, Bénigna."
"As-tu des peines ?... tais-toi et confie-toi, ton Jésus y pourvoira. Es-tu troublée par tes fautes ?... aie confiance, ton Jésus te les a déjà pardonnées, et non seulement il les répare, mais il en fera quelque chose de bon par l'humilité. As-tu de l'inquiétude, cherchant comment tu dois agir ?... Aie confiance, ton Jésus qui est maintenant avec toi, y sera encore tout à l'heure. Ma Bénigna, dis dans ton coeur : j'ai un Jésus et je me fie à Lui."
"Je t'ai acquittée de tout ; mais je veux que cela soit toujours présent devant toi. C'est la charité qui couvre la multitude des péchés ; quant au pur amour, il fait plus que les couvrir... il les consume, les détruit. Une chose couverte se peut encore découvrir, tandis qu'une chose détruite n'y est plus. Ma Bénigna, où n'arrive pas ta misère, arrive ma miséricorde. Tout le ciel ne suffit-il pas à couvrir un lambeau de terre et toute l'eau de la mer à le baigner ?... C'est à dessein que je permets certaines misères, par le désir que j'ai d'user de miséricorde avec toi. Entre un lambeau de terre et le ciel il y a encore une certaine proportion, mais ma Miséricorde est infinie."
"Je suis l'Amour... mon esprit est suave, mais il faut de l'attention pour le sentir...
Regarde un arbre : il ne peut être ébranlé dans ses racines que par un vent violent, tandis qu'un vent moins fort suffit pour agiter ses branches et qu'au plus léger souffle ses feuilles entrent en mouvement.
Ainsi en est-il des âmes : il faut beaucoup d'efforts pour ébranler les pécheurs obstinés. D'autres sont plus faciles à émouvoir bien qu'il y faille encore de la peine ; mais les âmes fidèles sentent tout de suite les inspirations.
Toi, ne sois pas seulement comme une feuille mais comme une feuille morte que le vent détache et emporte où il veut."
"Ma Bénigna, sois bien recueillie ces jours-ci parce que tu recevras beaucoup de grâces.
Garde tes yeux le plus abaissés possible comme si tu étais en retraite. Si partant en voyage, tu t'enfermais dans une voiture dont les châssis resteraient couverts de leur store, tu ne verrais rien... Tu es renfermée dans mon Coeur !"
"Que la mortification soit le fondement, l'édifice, le faîte de ta vie spirituelle... La mesure de ta mortification sera la mesure de ta capacité pour recevoir les grâces. Quand on aime on ne se contente pas de ce qui suffit... et souviens-toi qu'entre toutes les mortifications, l'humilité ne donne tant de gloire à Dieu que parce qu'elle détruit l'amour-propre, qui est ce qui s'oppose le plus à l'amour de Dieu.
Ton âme est comme une éponge : chaque mortification creuse en elle de nouveaux vides qui la rendent plus apte à se remplir de Dieu ; et chaque fois, en effet, Dieu l'envahit davantage."
"Comme il y a une vie intérieure, il y a aussi une mort intérieure. Je n'entends pas parler de la mort de l'âme, puisque l'âme est immortelle, ni même de cette mort qui peut lui causer la perte de la grâce sanctifiante qui est sa vie surnaturelle ; j'entends parler de la mort des passions, de la volonté, du jugement, de toutes les productions de la nature. Plus il y a cette mort, plus il y a de vie intérieure et l'on ne peut arriver à la vie sans mourir. Cette mort répugne à la nature, la fait souffrir, mais elle est nécessaire, et comme ordinairement on n'arrive à la mort que par le moyen de la maladie qui consume peu à peu la vie, de même on n'arrive à cette mort intérieure que par une mortification continuelle.
Seule l'âme qui s'abandonne à l'amour arrive à l'union, à cette union qui se fait par la croix. Mais de même encore que si l'on fait des excès la mort naturelle vient plus vite, de même l'âme qui non contente de s'abandonner à l'Amour, travaille avec l'Amour, aide à l'Amour, arrive plus vite à la mort intérieure. Lorsque l'âme est arrivée à cet état de mort, mon règne est établi en elle, car là où ne règne plus l'amour-propre, règne mon amour et mon amour veut tout."
Août 1914 :
"Sais-tu pourquoi je permets tes si terribles tentations ? Pour te disposer à recevoir de plus grandes grâces. Quand on veut donner le brillant à une chose, on ne la nettoie pas uniquement dans l'eau, mais on prend encore de la cendre. Ce n'est pas que, hors de la tentation, tu ne fasses déjà des actes de charité, mais, sous l'épreuve, la charité devient plus ardente et te purifie bien davantage. Encore une autre raison : quand l'âme est ainsi assaillie de tentations, elle se méfie d'elle-même et par suite se trouve dans une disposition que j'aime infiniment."
"Souvent aussi la soustraction des douceurs, des consolations sensibles n'est point un mal, mais un bien ; tu ne dois pas penser que ce soit dureté de mon Coeur à ton endroit. Quand j'ai souffert sur la Croix de l'abandon de mon Père, est-ce que mon Père ne m'aimait pas ?... Il ne pouvait pas ne pas m'aimer et pourtant il agissait comme si je lui fusse devenu odieux.
Les sentiers de la vie spirituelle ne sont pas toujours faciles et ombragés ; on n'y marche pas toujours sur l'herbe, au chant des oiseaux, mais pour monter il faut se donner de la peine."
"Après la sainte Communion, Jésus me dit : "L'amour divin se nourrit de sacrifices, de mortifications, d'actes de fidélité faits par amour... Pense que toutes les fois que tu accomplis un acte de fidélité, tu ajoutes une pierre précieuse à ta couronne ; mais surtout accomplis ces actes dans le désir de me donner plus de gloire pour toute l'éternité ; ainsi tu les feras par pur amour."
"Si tu savais la faim que j'ai d'être aimé des âmes !... Je les aime les âmes, et je n'en suis pas aimé selon mon désir. Dans le monde on ne croit pas à mon désir et même ceux qui y croient y croient peu. Petite épouse de mon Coeur, c'est à toi que je fais mes plus intimes confidences, je voudrais parler à tous les coeurs, mais ils ne veulent pas m'écouter et lorsque j'en trouve un qui s'ouvre à mes grâces, ce coeur-là, je l'inonde.
Je suis comme un Roi exilé : on cherche à m'exiler du monde... on ne le peut pas, mais oui bien des âmes. Ceux qui commettent des péchés mortels me chassent... et alors je vais frapper chez mes épouses... Quelques-unes m'ouvrent, mais avec peine ; d'autres m'ouvrent encore, mais peu ; d'autres au contraire m'ouvrent toutes grandes les portes de leur coeur et m'invitent à entrer. Les premières sont celles qui évitent le mal seulement par crainte du péché ; les secondes celles qui en m'accueillant veulent que je les contente, que je leur donne des consolations, des caresses ; les troisièmes enfin m'ouvrent et me reçoivent avec ma croix, mes épines, mon amour.
Je suis comme oppressé de mes grâces qui reviennent sur moi parce que les hommes ne les veulent pas. Aussi quand je trouve une âme qui me laisse la liberté de la combler, mon Coeur en est soulagé."
10 mai 1915 :
"Ta confiance en moi est comme la monnaie que tu me donnes pour payer les grâces que je te fais. Un marchand consciencieux ne fait pas attendre la marchandise quand il a reçu l'argent d'avance, mais il se hâte de l'envoyer et en proportion même de l'argent reçu ; ainsi je fais avec toi... je te donne selon la confiance que tu as en moi.
Quand tu veux des grâces, remercie-moi d'avance. Cet acte de confiance me ravit le Coeur et fait que j'ouvre plus largement mes trésors."
30 mai 1915 :
"Ma Bénigna, quand je trouve une âme petite comme la tienne, pleine de misères comme la tienne, pleine de défauts comme la tienne, je me réjouis grandement, non que j'aime les misères en elles-mêmes, surtout s'il s'y cache un peu de malice, mais j'aime ta faiblesse de pure fragilité, parce que je puis être ta force et je jouis beaucoup quand je suis le Tout d'une âme."
Imprimatur :
Joannes, Episc. Hadr., Auxil. Lugd.
Lugduni, die 4 febr. 1923